Les modifications apportées au projet de loi no 96 ont ajouté l’emballage à la liste des actifs de marketing auxquels l’exception aux règles sur le français prévue pour les « marques de commerce reconnues » ne s’appliquera pas une fois que les dispositions du projet de loi entreront en vigueur. Introduit pour la première fois en mai 2021, le projet de loi no 96 renforce les exigences linguistiques qui doivent être respectées dans les actifs de marketing des entreprises qui exercent des activités au Québec. Les nouvelles règles en matière d’emballage sont quelques-unes des nombreuses révisions qui ont été proposées dans le cadre d’une étude détaillée en commission. Le présent bulletin résume tous les changements proposés en matière d’emballage et d’affichage dans le projet de loi no 96, qui n’est pas encore en vigueur.
La Charte de la langue française du Québec exige généralement que l’emballage et l’affichage public soient en français. Dans certains cas, l’emballage et l’affichage doivent être en français uniquement; dans d’autres, le français doit y figurer dans des conditions au moins aussi favorables ou n’a pas besoin d’être prédominant ou encore n’est pas requis du tout. Si le projet de loi no 96 est adopté, la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français modifiera la Charte de la langue française et imposera des exigences linguistiques supplémentaires aux entreprises.
Le projet de loi no 96 a été introduit pour la première fois à l’Assemblée nationale du Québec en mai 2021. À ce moment, il prévoyait déjà remplacer l’exception relative aux marques reconnues pour l’affichage et la publicité commerciale par une exception relative aux marques déposées et exiger que le français figure « de façon nettement prédominante » dans l’affichage visible de l’extérieur. Il contenait également l’obligation que l’inscription sur un emballage dans une autre langue que le français ne soit pas « accessible dans des conditions plus favorables » que l’inscription en français.
Depuis, le projet a subi plusieurs révisions dans le cadre de l’étude détaillée menée par la Commission de la culture et de l’éducation. En février 2022, la commission a apporté une modification écartant l’exception relative aux « marques reconnues » en matière d’emballage.
Ci-après, vous trouverez un aperçu général des modifications apportées à la législation en matière d’emballage et d’affichage selon la plus récente version du projet de loi no 96 qui inclut les modifications apportées par la commission.
Exception relative aux marques de commerce reconnues
À l’heure actuelle, une « marque de commerce reconnue » peut figurer sur un emballage uniquement dans une autre langue que le français si une version française de la marque n’a pas été déposée1. Le terme « marque de commerce reconnue » n’est pas défini, mais les tribunaux considèrent généralement qu’il comprend à la fois les marques déposées et les marques de common law. Alors que la version initiale du projet de loi no 96 ne traitait pas de l’exception relative aux marques reconnues applicable à l’emballage, celle-ci a été écartée dans les modifications apportées par la commission en février 2022.
Dans la version la plus récente du projet de loi, seules les marques déposées peuvent figurer sur un emballage dans une langue autre que le français, pourvu qu’aucune version correspondante en français ne se trouve au registre des marques déposées (cela comprend les marques déposées et pourrait comprendre les marques pour lesquelles une demande a été déposée)2. Si un générique ou un descriptif du produit est compris dans une marque déposée dans une autre langue que le français, celui-ci doit figurer en français sur le produit ou sur un support qui s’y rattache de manière permanente.
Ce changement proposé signifie que les marques ne pourront plus indiquer un générique ou un descriptif en anglais dans les marques déposées pour éviter de traduire ce texte en français. Durant l’étude, la commission a fourni des exemples de la façon dont cette modification devrait être appliquée3. Une marque déposée telle que « beauty Shop » pourrait continuer à figurer en anglais sur l’emballage, mais pas une marque déposée telle que « Soft Soap, Lavender and Shea Butter, washes away bacteria, deeply moisturizes to hydrate skin ». Les marques devront probablement devoir traduire « Lavender and Shea Butter, washes away bacteria, deeply moisturizes to hydrate skin » en français pour se conformer aux nouvelles règles.
Emballage général
Le projet loi précise que l’inscription sur un emballage rédigée dans une autre langue ne peut être « accessible dans des conditions plus favorables » que celle rédigée en français4. Cette modification figurait dans la version initiale du projet de loi. À l’heure actuelle, l’emballage peut contenir d’autres langues, à condition que le français y figure dans des conditions au moins aussi favorables5.
Exception relative aux marques de commerce reconnues
Le projet loi no 96 écarte l’exception relative aux marques reconnues applicable à l’affichage public. Ce changement figurait dans la version initiale du projet de loi.
À l’heure actuelle, une « marque reconnue » peut figurer uniquement dans une autre langue que le français dans l’affichage public et la publicité commerciale si une version française de la marque n’a pas été déposée6. La marque peut être affichée à l’extérieur d’un immeuble (ou sur un affichage destiné à être vu de l’extérieur) si une présence suffisante du français est assurée sur les lieux, sous réserve de certaines exigences supplémentaires.
En vertu du projet de loi, l’exception relative aux marques reconnues ne s’appliquera plus à l’affichage public. Une marque déposée au Canada pourra continuer à être affichée exclusivement dans une langue autre que le français, sauf si une version correspondante en français se trouve au registre des marques déposées (cela comprend les marques déposées et pourrait comprendre les marques pour lesquelles une demande a été déposée)7.
Le français doit également figurer de façon nettement prédominante dans l’affichage public visible depuis l’extérieur d’un local, lorsqu’une telle marque y figure dans une telle autre langue. « De façon nettement prédominante » signifie que le texte rédigé en français a un « impact visuel beaucoup plus important » que le texte rédigé dans l’autre langue8. Le texte rédigé en français est réputé avoir un « impact visuel beaucoup plus important » si les conditions suivantes sont réunies :
Nom de l’entreprise
Le projet loi no 96 augmente la quantité du français qui doit accompagner le nom d’une entreprise dans l’affichage public visible depuis l’extérieur. Ce changement figurait dans la version initiale du projet de loi.
Actuellement, le nom de l’entreprise peut être assorti d’une version dans une autre langue que le français pourvu que le nom de langue française figure de façon au moins aussi évidente, sous réserve de certaines exceptions9.
Le projet de loi no 96 prévoit que le français doit figurer de façon « nettement prédominante », lorsque l’affichage contient le nom d’une entreprise qui comporte une expression tirée d’une autre langue que le français10.
Le projet de loi no 96 devrait être adopté avant la fin de mai, mais d’autres modifications pourraient encore y être apportées. Selon sa version actuelle, les modifications proposées à l’exception relative aux marques reconnues et à la prédominance du français dans l’affichage public entreront en vigueur trois ans après que le projet reçoit la sanction royale11. L’obligation que l’inscription sur un emballage dans une autre langue ne soit pas accessible dans des « conditions plus favorables » que le français entrera en vigueur à la date de la sanction royale.
Entretemps, les entreprises devraient se préparer à réorienter leur stratégie de marque :